Le pigeon, le loup et la cigogne

Origine de la collecte : Maroc
Illustration : Hamid Diani

Un loup profite de la terreur d'une mère pigeon pour se remplir la panse à moindre frais. Lorsque celle-ci ose le défier, il ne comprend pas ce qui lui arrive ! Qui a soufflé cette idée à la mère pigeon ?

 

Auteur : Mohamed Bahi

Écouter le conte en français dit par Ahmed Bouzzine

Écouter le conte en arabe marocain dit par Mustapha Ghanim

lecture_conte play stop précédent retour arrière avance rapide suivant répéter muet moins volume plus

0 / 0 0:00 / 0:00

Télécharger les ressources

Le texte du conte

Sur la plus haute branche d’un arbre, il y avait un nid et dans ce nid vivaient une pigeonne et ses pigeonneaux. Un jour, un loup à l’estomac vide et à la langue pendante remarqua le nid de la mère pigeon et sa couvée. Cela lui mit l’eau à la bouche et de sa grosse voix il dit :
- Tante pigeonne, j’ai très, très faim ! Offre-moi vite un de tes petits enfants sinon tu goûteras ma furie. J’hurlerai, je gronderai, je mugirai et je soufflerai sur ton arbre, il se cassera et toi et tes petits je vous mangerai sans vous déplumer d’une seule bouchée.

Terrifiée, la pigeonne tremblait de tout son corps. Paniquée, elle sacrifia un de ses pigeonneaux pour protéger ses autres enfants. D’une bouchée, le loup l’avala, il se pourlécha les babines et se dit qu’il avait trouvé là un délicieux garde-manger.

Le lendemain, il revint au pied de l’arbre et de sa terrible voix dit :
- Tante pigeonne, j’ai encore très, très faim ! Offre-moi vite un de tes petits, sinon tu goûteras à ma furie. J’hurlerai, je gronderai, je mugirai et je soufflerai sur ton arbre, il se cassera et toi et tes petits je vous mangerai d’une seule bouchée.

Glacée d’effroi, elle se résolut, les larmes au cœur, à sacrifier un autre pigeonneau. Sans pitié, d’une bouchée, le loup l’avala. Il se pourlécha les babines et se dit qu’il avait trouvé là un délicieux garde-manger.

La pauvre maman ne savait plus que faire. Les larmes aux yeux, désemparée, elle quitta son nid et se posa au milieu d’un champ. Ses larmes coulaient abondamment sur son jabot, la pauvre pigeonne se lamentait toujours et encore sur son sort. Une cigogne survola le champ et entendit la complainte de l’oiseau. Curieuse et intriguée, elle se posa près de la mère pigeonne.
- Pauvre cousine, quelle est donc la raison de cette grande tristesse ?
- Un grand malheur s’est abattu sur ma famille. Tous les jours le loup nous menace moi et mes enfants. De sa méchante voix il me dit :
- Tante pigeonne, j’ai encore très, très faim ! Offre-moi vite un de tes petits sinon tu goûteras à ma furie. J’hurlerai, je gronderai, je mugirai et je soufflerai sur ton arbre, il se cassera et toi et tes petits je vous mangerai d’une seule bouchée. À chaque fois j’ai obéi et j’ai sacrifié un de mes petits. Il ne m’en reste pas beaucoup.
La cigogne éclata de rire et lui dit :
- Idiote que tu es ! A-t-on déjà vu un loup souffler un arbre ? A-t-on déjà vu un loup casser un arbre ? A-t-on déjà vu un loup grimper à un arbre ? Non ! Alors écoute mon conseil. Quand il reviendra dis-lui qu’il peut hurler, gronder, mugir, souffler tant qu’il le voudra, surtout ne fais rien. Tout ce que je viens de te dire est un secret. Ne lui dis rien.

Le jour suivant, le loup revint au pied de l’arbre et entonna son refrain :
- Tante pigeonne, j’ai toujours très faim ! Offre-moi vite un de tes petits, sinon tu goûteras à ma furie. J’hurlerai, je gronderai, je mugirai et je soufflerai sur ton arbre, il se cassera et toi et tes petits je vous mangerai d’une seule bouchée.
La pigeonne prit tout son courage, gonfla son jabot et d’un air moqueur lui répondit :
- Pauvre loup ! Tu peux hurler, gronder, mugir et souffler autant que tu le voudras, tu n’auras rien ! Tu veux mes petits, grimpe sur cet arbre si tu le peux !
- Houps !
Le loup n’en croyait pas ses oreilles.
- Dis-moi qui t’as dit de me répondre comme ça ?
- Ma cousine la cigogne m’a fait jurer de ne rien dire !
- La Cigogne !

Le loup était affamé. Il s’allongea sous l’arbre. Il avait la langue qui pendait et de la mousse lui sortait par les trous de nez. Quand il retrouva un peu de force, il décida de s’occuper de la maudite cigogne. Au bord du champ, il y avait une plaque de ciment. Sur cette plaque, il vomit toute l’écume qu’il lui restait encore dans son estomac. De loin il aperçut la cigogne qui l’observait. Il l’appela.

- Cigogne, chère cigogne ! Que je suis heureux de te revoir, cela faisait si longtemps ! Je suis tellement en joie que je t’offre ce repas.
Méfiante, la cigogne s’approcha de quelques pas.
- Allez ! Approche, regarde ce bon repas ! Il est pour toi !
N’ayant plus aucune crainte, elle s’avança encore de quelques pas, allongea son long coup et picora les vomissures et tout ce que le loup avait régurgité. Elle se régalait.
Soudain le loup se jeta sur la cigogne, l’attrapa, la coinça entre ses grosses pattes et de sa méchante voix lui dit :
- Cigogne trop bavarde ! Tu vas payer pour tes mauvais conseils. À cause de toi la pigeonne ne m’offre plus ses petits. J’avais trouvé là un délicieux garde-manger. Maintenant c’est toi qui va le remplacer. Je vais te déplumer et te dévorer !
- Me manger ! Mais regarde-moi ! Je n’ai que de la peau sur les os. En revanche je connais un endroit où la nourriture coule en abondance. Si tu montais sur mon dos, je t’y emmènerai. Aussitôt dit, aussitôt fait. Le loup grimpa sur le dos de la cigogne et tous deux s’envolèrent très haut dans les cieux.

La cigogne interrogea le loup :
- Que vois-tu en dessous?
- En dessous ! Je vois un immense champ de blé.

La cigogne, de quelques battements d’ailes, vola encore plus haut.
- Et loup que vois-tu maintenant ?
- La terre est devenue comme un tapis !

La cigogne vola encore plus haut. Elle avait atteint le firmament du ciel.
- Et maintenant ?
- Houuu la la ! J’ai le vertige.
- Mais que vois-tu ?
- Un plat de tagine !
- Nous avons trouvé le plat ! Il nous reste à trouver la nourriture, lui répondit la cigogne.
- Et maintenant qu’aperçois-tu tout en bas ?
- Je vois une petite lentille bleue.

Elle était arrivée au-dessus de l’océan, de son regard perçant elle apercevait l’écume blanche des vagues. La mer était déchainée. Mais le loup n’entendait rien et ne voyait rien.
- Vois-tu sur cette petite lentille, il y a de la belle mousse blanche ? C’est une crème délicieuse qui coule sans fin, lui dit la cigogne.

Le loup en avait l’eau à la bouche. La cigogne lui dit :
- Nous allons descendre ! Desserre tes pattes autour de mon cou et je me poserai.
À peine le loup desserra-t-il son étreinte que la cigogne se retourna, vola sur le dos. Le loup tomba. Dans un hurlement sans fin, il tombait, tombait, tombait. Du haut du ciel, elle vit le pauvre animal qui se débattait dans une mer déchainée. Il disparut.

De retour sur la terre ferme, la cigogne, fâchée, retourna voir la pigeonne et la questionna.
- Ingrate ! Pourquoi n’as-tu pas gardé notre secret ? À cause de toi j’ai failli être mangée moi aussi !
Toute honteuse, le regard baissé, la pigeonne lui répondit d’une petite voix :
- Mille excuses ma cousine. Quoi que je fasse, devant le loup je perds tous mes moyens. Je n’ai pas pu me retenir de lui dire la vérité. Ne me confie plus de secret.
- La vérité est que tu me fais pitié. Et je n’aurai plus confiance en toi.

La cigogne s’envola et oublia vite cette histoire. Quant à la pigeonne, une fois que ses petits volèrent de leurs propres ailes, elle raconta cette terrible histoire à toutes ses amies.

J’étais allongé sous un arbre, je l’ai écoutée moi, et puis j’ai marché jusqu’ici juste pour vous la raconter.

Le pays présenté ci-dessous correspond au pays où le conte a été enregistré et ne prétend pas donner d'origine unique au conte.

Les contes n'existent pas dans ce seul et unique pays. D'une version à une autre, d'un conteur à un autre, les contes circulent entre les pays et ne s'arrêtent heureusement pas aux frontières !

Le Maroc

(Royaume du Maroc)

Population : Les marocains et les marocaines. Plus de 30 millions d’habitants.

Langues : L’arabe et l’amazigh sont les deux langues officielles du Maroc. La langue maternelle des marocains est soit l’arabe dialectal ou la darija, soit la langue amazighe. Le français est parlé par une partie de la population, principalement dans les villes et dans les milieux instruits. L’espagnol est encore un peu parlé au nord du Maroc, plutôt par des personnes âgées. L’anglais prend peu à peu sa place en raison de son statut au niveau international.

Situation géographique : Le Maroc est un pays du Maghreb qui se trouve en Afrique du nord. Il est délimité à l’ouest par l’océan Atlantique, au nord par la mer Méditerranée, à l’est par l’Algérie et au sud par la Mauritanie.

Superficie : 450 000 km² (et 710 000 km² en comptant le territoire discuté du Sarah Occidental)

Climat : Le climat au Maroc est méditerranéen au nord, atlantique à l’ouest et saharien au sud.

Capitale : Rabat

Hymne national : Hymne chérifien

Devise nationale : Dieu, la Patrie, le Roi

Monnaie : Le dirham marocain

IDH (Indice de développement humain) : 0,567, IDH moyen (chiffres 2010)

Indépendance : 2 mars 1956

Pour en savoir plus : Article « Maroc » du Larousse :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Maroc/132004

Drapeau: 
Drapeau du Maroc

Nous avons choisi d'enregistrer le conte dans une ou deux langues parlées dans le pays de collecte.

Les langues citées ci-dessous ne sont pas représentatives de l'ensemble des langues parlées dans ce pays. Il s'agit des langues dans lesquelles le conte a été enregistré. Si vous souhaitez découvrir les autres langues parlées dans le pays de collecte du conte, consultez l'onglet "Le pays".

L'arabe

Famille de langues : L’arabe est une langue sémitique de la famille des langues Afro-asiatiques.

Pour en savoir plus sur la famille des langues afro-asiatiques, (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/famille-des-langues-afro-asiatiques

Nombre de locuteurs : plus de 200 millions de locuteurs.

Pays : L’arabe est la langue officielle de plus d’une vingtaine d’Etats, essentiellement en Afrique et en Asie.

Expansion : A partir du VIIe siècle, l’arabe connait une très forte expansion grâce à la propagation de l’Islam, la diffusion du Coran et la puissance militaire des Arabes.

Les formes principales : l’arabe dialectal et l’arabe classique. Les deux formes d’arabe sont fortement liées historiquement et idéologiquement.

  • L’arabe classique (aussi appelé arabe éloquent, arabe grammatical, arabe littéraire ou arabe du Coran) est une langue associée à la religion et à l’écrit. Prestigieuse elle est associée à la culture littéraire, à la science, à la technologie et à l’administration.
  • L’arabe dialectal et l’amazigh sont les langues parlées, utilisées dans la vie courante et véhiculent une culture populaire traditionnelle et contemporaine. L’arabe dialectal est le fruit de la fusion de l’arabe du VIIe siècle avec des parlers provenant des conquêtes militaires ainsi que des brassages de population des langues sud-arabiques, berbères, africaines, etc. Ces variétés dialectales sont extrêmement nombreuses et persistent dans le monde arabe à tel point que la compréhension devient quelques fois difficile. Ceci est surtout vrai pour l’arabe dialectal des pays du Maghreb et de la Méditerranée par rapport à celui du Proche-Orient.
  • L’arabe dialectal du Maghreb : Le parler algérien, marocain et tunisien, est un dialecte composé d’arabe et de l’amazigh (ou berbère). Malgré les nuances, ces trois pays se comprennent entre eux. Si l’arabe s’est imposé, le berbère se parle couramment dans les trois pays et demeure une langue vivante. Tout comme les langues ont essaimé entre elles, les récits qu’elles véhiculent sont les mêmes. En tendant l’oreille on reconnait des mots arabes dans le berbère tout comme on reconnait des mots berbères dans l’arabe ! On parle alors de personnes arabophones et berbérophones.

Le français

Famille de langues : Le français est une langue romane de la famille des langues indo-européennes.

Pour en savoir plus sur la famille des langues indo-européennes, (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/famille-des-langues-indo-europeennes

Nombre de locuteurs : 200 millions de locuteurs.

Pays : Le français est la langue officielle de la France et de nombreux autres pays : en Afrique et en Océanie mais aussi aux Antilles et aux Etats-Unis.

Origine : Le français est issu des formes orales et populaires du latin, il est aussi influencé par le Gaulois et par le Francique des Francs. Le français provient de la langue d’oïl, langue parlée dans la moitié nord de la France au Moyen Âge et langue dominante de la littérature entre le XIVe siècle et le XVIe siècle.

Expansion : Le français s’est répandu proportionnellement aux progrès de l’administration et de la justice royale en France. Le français et sa structure grammaticale s’est cristallisé au XVIIe siècle autour du dialecte de l’Ile de France et ce au détriment les autres parlers régionaux.

Qu’est-ce que la francophonie ? Apparu à la fin du XIXe siècle, le terme « francophonie » désigne l’ensemble des personnes et des pays utilisant le français. Un pays francophone est un pays qui utilise entièrement ou partiellement le français.

Ahmed Bouzzine

conteur marocain

Ahmed BouzzineAhmed Bouzzine est né dans la tribu berbère des Aît (Maroc). Ce conteur et musicien se situe à la lisière du monde touareg : son travail se nourrit des mythes d’Afrique du Nord que lui transmirent mère et grand-père, puisant aussi dans les folklores de Mauritanie et d’Arabie, dans les youyous et le vent des sables. Il commence sa carrière dans les années 1980 et participe aujourd’hui à la renaissance de l’art du conte francophone.

Mustapha Ghanim

conteur marocain

Mustapha GhanimEnseignant en école primaire à Beni Mellal (Maroc), Mustapha Ghanim fréquente depuis 20 ans le milieu du théâtre en tant qu'acteur, professeur, auteur et metteur en scène. Il est directeur artistique de la troupe théâtrale Abou El Haytam à Beni Mellal. Il réalise régulièrement des performances en tant que conteur et animateur pour les enfants, mais c'est pour Conte-moi qu'il enregistre pour la première fois.

Mohamed Bahi

auteur marocain

Mohamed Bahi, chercheur universitaire, Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Beni-Mellal (Univ. Sultan Moulay Slimane Maroc). Il a soutenu en 2004 sa thèse de doctorat sur T.Ben Jelloun : « Espace et temps dans l’œuvre romanesque de Tahar Ben Jelloun ». Ses recherches portent sur la littérature maghrébine, sur la littérature de jeunesse et sur l’oralité. Il a publié plusieurs articles dans des revues spécialisées au Maroc, en France, en Italie, en Espagne, en Tunisie, au Liban. Membre co-fondateur d’OCADD. Actuellement, il est président de l’association OCADD (Oralité, conte pour l’amitié, le dialogue et le développement :(www.ocadd.org) qui travaille sur le patrimoine immatériel et matériel.

Commentaires

Très bon travail !

Très bon travail !

C'est trop merveilleux

C'est trop merveilleux

well that was stupid

well that was stupid

Sites pour enfants :

Sites pour enseignants :

Serious games pour adolescents :