La gazelle d'or

Origine de la collecte : Algérie
Illustration : Nora Aceval

Une belle princesse a une mystérieuse marque de naissance sur le corps. Celui qui veut l’épouser doit décrire cette marque ou se faire couper la tête sur ordre du sultan ! 99 têtes ornent les murs de la cité ! Un jour, un prince venu de loin releva le défi à son tour. Sera-t-il la centième tête coupée ?
 
Auteur : Nora Aceval

Écouter le conte en français dit par Nora Aceval

Écouter le conte en arabe algérien dit par Mustapha Chaïb

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Le texte du conte

Il était un prince, voyageur intrépide, qui parvint un jour au pied d’une citadelle, entourée de remparts. En levant la tête au ciel, il s'aperçut que chaque créneau était coiffé d’un crâne humain. Il en compta quatre-vingt-dix-neuf. Emporté par sa curiosité, il franchit le lourd portail qui en permettait l´accès. Une atmosphère austère y régnait. Sur son chemin vint à passer un petit homme à l’allure pressée. Il s´en approcha pour l'interroger, mais l´homme l’interrompit :
- Quitte cette ville, étranger !
- Mais pourquoi donc ?
- Elle cause la perte de tous les jeunes hommes qui s’y aventurent.
- Et ces crânes humains, qu’est-ce que cela veut dire ?
- Le sultan fait couper la tête des prétendants de sa fille auxquels il soumet une énigme que personne n’a réussi à résoudre.
- Ciel ! Mais quelle est donc cette énigme ?
- La princesse, d’une beauté sans pareille, a une mystérieuse marque de naissance sur le corps. Quiconque voudrait l’épouser doit deviner de quoi il s’agit, à ses risques et périls.

Le prince, qui aimait les défis, se laissa tenter. Mais avant de se porter candidat, il s’installa discrètement dans la ville. Il avait déjà sa petite idée derrière la tête et se mit à la recherche d’un bijoutier de renom. L’ayant trouvé, il demanda à entrer en apprentissage. Le maître accepta. Mais au bout de quelques jours, il s’aperçut que son apprenti, bien que fidèle au poste chaque matin, n’était pas attentif au métier. Il s’en inquiéta :
- Jeune homme, je vois bien que ce n’est pas le métier que tu cherches à acquérir. Pour quelle raison es-tu là ?

Sans détours, le prince sortit une bourse d’or et la posa sur l’établi :
- Je suis le fils d’un grand roi et je ferai ta fortune si tu m’aides à m’introduire secrètement dans la chambre de la princesse.
- Mais tu es fou ?
- Non ! C’est le seul moyen de découvrir la marque qu’elle porte sur le corps afin de l’épouser et d’arrêter le massacre.

Le bijoutier ne se fit pas prier plus longtemps et se mit à l’ouvrage. Il fabriqua une magnifique gazelle d’or de grande taille dont l’abdomen creux était doté d’une porte secrète. Cette prodigieuse et inestimable œuvre d’art ne pouvait être acquise que par le roi qui en fit cadeau à sa fille. Avant de la livrer, ainsi qu’il en avait été convenu, le bijoutier y enferma le prince. La gazelle fut déposée dans la chambre de la princesse, qui voulait l’admirer tout à son aise.

Voilà comment, dès la première nuit, le prince activa l’astucieux mécanisme et sortit du ventre de la gazelle. Alors que la princesse dormait profondément, à pas de velours, il saisit la chandelle qui se trouvait sur le chevet, l’éteignit, et la déposa sur un guéridon au pied du lit. Dès le réveil, la princesse remarqua que la chandelle avait été déplacée. Et plus surprenant, elle ne s’était pas consumée. Intriguée, elle mena une discrète enquête auprès de ses servantes mais sans résultat. La nuit suivante, elle se cacha derrière les rideaux de sa fenêtre pour confondre un éventuel intrus, mais elle céda rapidement au sommeil. Le prince en profita pour répéter son manège de la veille. La princesse sentit sourdre en elle une angoisse infinie. Elle tenta de veiller sans y parvenir. Après la troisième nuit, convaincue qu’il s’agissait d’une manifestation de l’invisible, elle implora :
- Ô toi qui perturbes mon sommeil, qui que tu sois, Djinn ou humain, montre-toi !
- Fais-moi serment sacré de ne révéler ma présence à personne et je te dirai toute la vérité, répondit une voix étouffée.

La princesse sursauta, se reprit, et fit serment. Alors, le ventre de la gazelle s’ouvrit et le prince apparut, majestueux. Il se présenta selon les coutumes de son rang :
- Ô merveilleuse princesse, ne crains rien, je suis fils de roi et je ne te veux aucun mal. J’ai risqué ma vie pour venir jusqu’ici. Fais-moi la faveur de me révéler le secret de ta marque de naissance et j’irai demander ta main.

La surprise passée, le visage de la jeune fille s’illumina et elle s’exclama :
- Ô noble étranger, ton courage m’honore et une parole donnée relève du sacré.

Et, joignant le geste à la parole, elle découvrit son épaule. Il ne restait plus au prince qu’à quitter le palais comme il y était entré. Il eut l’idée ingénieuse de briser une patte de la gazelle avant de s’y cacher. La princesse, devenue sa complice, exigea qu’on la portât chez le bijoutier pour la réparer.

Le lendemain, richement vêtu et portant les armures et les écussons de son royaume, le prince se présenta au sultan et lui demanda la main de sa fille. Le monarque le mit en garde :
- Ignorez-vous les conditions, mon ami ? Si vous échouez, à tout jamais votre crâne sera le centième à orner mes remparts.

Le prince, impassible, répondit :
- Sire ! J’ai la solution à votre énigme. Sur l’épaule droite de la princesse, poussent un long cheveu noir, un long cheveu d’or et un long cheveu d’argent.

Le sultan n’eut d’autre choix que d’accorder la main de sa fille à ce prétendant si avisé. Une grande cérémonie fut organisée. On y célébra à la fois le mariage et la fin de cette cruelle épreuve. En guise de dot, la princesse n’emporta que la gazelle d’or.

Mon histoire a suivi le cours de la rivière et moi je suis restée avec les seigneurs !

Le pays présenté ci-dessous correspond au pays où le conte a été enregistré et ne prétend pas donner d'origine unique au conte.

Les contes n'existent pas dans ce seul et unique pays. D'une version à une autre, d'un conteur à un autre, les contes circulent entre les pays et ne s'arrêtent heureusement pas aux frontières !

L'Algérie

(République démocratique et populaire d'Algérie)

Population : Les algériens et les algériennes. Plus de 35 millions d’habitants.

Langues : L’arabe classique est la langue officielle de l’Algérie. Bien que les statistiques sur des bases linguistiques soient interdites en Algérie, nous savons que l’arabe algérien (ou darja) est la langue utilisée par la majorité de la population, le français vient ensuite, et enfin le berbère, reconnu langue nationale depuis 2002. Depuis l’indépendance de l’Algérie, la politique linguistique favorise l’arabisation de la société algérienne.

Situation géographique : L’Algérie est un pays d'Afrique du Nord. A l’ouest : le Maroc et le Sahara occidental. Au nord : la Méditerranée. A l’est : la Tunisie et le Libye. Au sud-est : le Niger. Au sud : la Mauritanie et le Mali.

Superficie : 2 380 000 km²

Climat : Le climat de l’Algérie est méditerranéen au nord et désertique au sud.

Capitale : Alger

Hymne national : Kassaman

Devise nationale : Par le peuple et pour le peuple

Monnaie : Dinar algérien

IDH (Indice de développement humain) : 0,677, IDH élevé (chiffres 2010)

Indépendance : Décolonisation de la France le 5 juillet 1962

Pour en savoir plus : Article « Algérie » du Larousse :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Alg%C3%A9rie/104806

Drapeau: 
Drapeau de l'Algérie

Nous avons choisi d'enregistrer le conte dans une ou deux langues parlées dans le pays de collecte.

Les langues citées ci-dessous ne sont pas représentatives de l'ensemble des langues parlées dans ce pays. Il s'agit des langues dans lesquelles le conte a été enregistré. Si vous souhaitez découvrir les autres langues parlées dans le pays de collecte du conte, consultez l'onglet "Le pays".

L'arabe

Famille de langues : L’arabe est une langue sémitique de la famille des langues Afro-asiatiques.

Pour en savoir plus sur la famille des langues afro-asiatiques, (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/famille-des-langues-afro-asiatiques

Nombre de locuteurs : plus de 200 millions de locuteurs.

Pays : L’arabe est la langue officielle de plus d’une vingtaine d’Etats, essentiellement en Afrique et en Asie.

Expansion : A partir du VIIe siècle, l’arabe connait une très forte expansion grâce à la propagation de l’Islam, la diffusion du Coran et la puissance militaire des Arabes.

Les formes principales : l’arabe dialectal et l’arabe classique. Les deux formes d’arabe sont fortement liées historiquement et idéologiquement.

  • L’arabe classique (aussi appelé arabe éloquent, arabe grammatical, arabe littéraire ou arabe du Coran) est une langue associée à la religion et à l’écrit. Prestigieuse elle est associée à la culture littéraire, à la science, à la technologie et à l’administration.
  • L’arabe dialectal et l’amazigh sont les langues parlées, utilisées dans la vie courante et véhiculent une culture populaire traditionnelle et contemporaine. L’arabe dialectal est le fruit de la fusion de l’arabe du VIIe siècle avec des parlers provenant des conquêtes militaires ainsi que des brassages de population des langues sud-arabiques, berbères, africaines, etc. Ces variétés dialectales sont extrêmement nombreuses et persistent dans le monde arabe à tel point que la compréhension devient quelques fois difficile. Ceci est surtout vrai pour l’arabe dialectal des pays du Maghreb et de la Méditerranée par rapport à celui du Proche-Orient.
  • L’arabe dialectal du Maghreb : Le parler algérien, marocain et tunisien, est un dialecte composé d’arabe et de l’amazigh (ou berbère). Malgré les nuances, ces trois pays se comprennent entre eux. Si l’arabe s’est imposé, le berbère se parle couramment dans les trois pays et demeure une langue vivante. Tout comme les langues ont essaimé entre elles, les récits qu’elles véhiculent sont les mêmes. En tendant l’oreille on reconnait des mots arabes dans le berbère tout comme on reconnait des mots berbères dans l’arabe ! On parle alors de personnes arabophones et berbérophones.

Le français

Famille de langues : Le français est une langue romane de la famille des langues indo-européennes.

Pour en savoir plus sur la famille des langues indo-européennes, (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/famille-des-langues-indo-europeennes

Nombre de locuteurs : 200 millions de locuteurs.

Pays : Le français est la langue officielle de la France et de nombreux autres pays : en Afrique et en Océanie mais aussi aux Antilles et aux Etats-Unis.

Origine : Le français est issu des formes orales et populaires du latin, il est aussi influencé par le Gaulois et par le Francique des Francs. Le français provient de la langue d’oïl, langue parlée dans la moitié nord de la France au Moyen Âge et langue dominante de la littérature entre le XIVe siècle et le XVIe siècle.

Expansion : Le français s’est répandu proportionnellement aux progrès de l’administration et de la justice royale en France. Le français et sa structure grammaticale s’est cristallisé au XVIIe siècle autour du dialecte de l’Ile de France et ce au détriment les autres parlers régionaux.

Qu’est-ce que la francophonie ? Apparu à la fin du XIXe siècle, le terme « francophonie » désigne l’ensemble des personnes et des pays utilisant le français. Un pays francophone est un pays qui utilise entièrement ou partiellement le français.

Haja Mansoria

Haja Mansoria - Oran"La gazelle d’or" est un conte traduit de l'arabe et adapté par Nora Aceval à partir d’une version entendue auprès de Haja Mansoria Azzouz-Benabdallah à Oran (Ouest algérien) en avril 2009.

Haja Mansoria est originaire de la commune de Djebala (wilaya de Tlemcen - Ouest algérien) où elle entendit ce conte dans son enfance.

Elle nous a quittés en 2011. Paix à son âme !

Nora Aceval

conteuse algérienne

Nora AcevalConteuse traditionnelle à voix nue, se place dans la Transmission. Elle est née à Tousnina sur les hauts plateaux de Tiaret dans le sud-ouest algérien. Son enfance entre Tousnina et Sougueur fut bercée par les contes populaires que disaient les femmes de sa tribu des Ouled Sidi Khaled.

Née d’un père Français d’Algérie et d’une mère arabe, elle se trouva enrichie d’une double culture : Un pont entre l’Algérie et la France.

Pour en savoir plus : www.nora-aceval.com/

Photographie : B. Rupin

Mustapha Chaïb

conteur algérien

Mustapha Chaïb est né à Tiaret (Algérie) en 1971. Bilingue arabe français, il fit des études en littérature française. Son intérêt pour le conte date de son enfance. Il assista souvent Nora Aceval pour des traductions et des recherches en langue arabe. Conteur amateur, il creuse le sillon et se forme en permanence pour la maîtrise de cet art qu’il considère comme majeur.

Commentaires

Cool je cherchais un conte

Cool je cherchais un conte pour un exposé ''conte de son origine''. Ça m'a vraiment aidé <3 ;-)

merci

Je construis un projet au CDI avec un atelier lecture

:)

Merci, on va la raconter en cours aujourd’hui :)

Je vais faire un projet!

Je vais faire un projet avec cette histoire. Merci de l'avoir mis sur votre site! :)

:D

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