Vréroche

Origine de la collecte : Algérie
Illustration : Nora Aceval

Un jour, le loup dévora la biquette préférée de Vréroche. Celui-ci rentra des pâturages les yeux inondés de larmes et refusa obstinément toute nourriture. Sa mère ordonna au bâton de le frapper, mais celui-ci refusa : « Vréroche ne m’a rien fait ». Elle ordonna alors au feu de brûler le bâton, mais celui-ci refusa : « Le bâton ne m’a rien fait »…

Écouter le conte en français dit par Nora Aceval

Écouter le conte en arabe algérien dit par Mustapha Chaïb

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Le texte du conte

Amachahou ! Par tous les temps, sur un mont escarpé de la Grande Kabylie, le petit Vréroche faisait paître son troupeau de chèvres. Un jour, le loup lui dévora sa biquette préférée. Vréroche en fut meurtri. Il rentra des pâturages les yeux inondés de larmes. Sa mère le consola et lui servit un couscous. Vréroche refusa d’y goûter. Elle lui prépara une bonne galette pour lui ouvrir l’appétit. Il la repoussa. Inquiète, elle fit des beignets. Vréroche en raffole ! Mais Vréroche, inconsolable, continua obstinément à refuser toute nourriture.

Excédée, sa mère ordonna au bâton :
- Bâton ! Frappe Vréroche qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! Vréroche ne m’a rien fait.

Face à cette désobéissance, la mère se tourna vers le feu :
- Feu ! Brûle le bâton qui refuse de frapper Vréroche qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! Le bâton ne m’a rien fait.

La mère ne baissa pas les bras et s’adressa à l’eau :
- Eau ! Eteins le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! Le feu ne m’a rien fait.

De plus en plus excédée, elle appela le veau :
- Veau ! Bois l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! L’eau ne m’a rien fait.

Elle saisit le couteau et lui dit :
- Couteau ! Tranche les oreilles du veau qui refuse de boire l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! Le veau ne m’a rien fait.

Elle en appela au forgeron :
- Forgeron ! Brise le couteau qui refuse de trancher les oreilles du veau qui refuse de boire l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche, qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! Le couteau ne m’a rien fait.

Elle commanda à la corde :
- Corde ! Ligote le forgeron qui refuse de briser le couteau qui refuse de trancher les oreilles du veau qui refuse de boire l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! Le forgeron ne m’a rien fait.

Elle ordonna à la souris :
- Souris ! Ronge la corde qui refuse de ligoter le forgeron qui refuse de briser le couteau qui refuse de trancher les oreilles du veau qui refuse de boire l’eau qui refuse d’éteindre le feu qui refuse de brûler le bâton qui refuse de frapper Vréroche, qui ne veut pas manger.
- Non ! Non ! La corde ne m’a rien fait.

La mère enjoignit au chat de la voisine de croquer la souris.
- Miaou ! Avec grand plaisir, dit le chat qui s’avança vers la souris.

La souris prit peur et se dirigea vers la corde. La corde, à son tour, se dirigea vers le forgeron. Le forgeron se dirigea vers le couteau. Le couteau se dirigea vers le veau. Le veau se dirigea vers l’eau. L’eau se dirigea vers le feu. Le feu se dirigea vers le bâton et le bâton se souleva pour frapper Vréroche. Enfin, Vréroche se mit à manger. Il se régala des beignets, de la galette et du couscous. Depuis, il ne bouda plus aucun repas.

Il devint si grand et si fort que jamais plus aucun loup ne lui dévora une chèvre de son troupeau !

Mon histoire est partie dans les broussailles et moi j’ai dégringolé de la montagne !

Le pays présenté ci-dessous correspond au pays où le conte a été enregistré et ne prétend pas donner d'origine unique au conte.

Les contes n'existent pas dans ce seul et unique pays. D'une version à une autre, d'un conteur à un autre, les contes circulent entre les pays et ne s'arrêtent heureusement pas aux frontières !

L'Algérie

(République démocratique et populaire d'Algérie)

Population : Les algériens et les algériennes. Plus de 35 millions d’habitants.

Langues : L’arabe classique est la langue officielle de l’Algérie. Bien que les statistiques sur des bases linguistiques soient interdites en Algérie, nous savons que l’arabe algérien (ou darja) est la langue utilisée par la majorité de la population, le français vient ensuite, et enfin le berbère, reconnu langue nationale depuis 2002. Depuis l’indépendance de l’Algérie, la politique linguistique favorise l’arabisation de la société algérienne.

Situation géographique : L’Algérie est un pays d'Afrique du Nord. A l’ouest : le Maroc et le Sahara occidental. Au nord : la Méditerranée. A l’est : la Tunisie et le Libye. Au sud-est : le Niger. Au sud : la Mauritanie et le Mali.

Superficie : 2 380 000 km²

Climat : Le climat de l’Algérie est méditerranéen au nord et désertique au sud.

Capitale : Alger

Hymne national : Kassaman

Devise nationale : Par le peuple et pour le peuple

Monnaie : Dinar algérien

IDH (Indice de développement humain) : 0,677, IDH élevé (chiffres 2010)

Indépendance : Décolonisation de la France le 5 juillet 1962

Pour en savoir plus : Article « Algérie » du Larousse :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Alg%C3%A9rie/104806

Drapeau: 
Drapeau de l'Algérie

Nous avons choisi d'enregistrer le conte dans une ou deux langues parlées dans le pays de collecte.

Les langues citées ci-dessous ne sont pas représentatives de l'ensemble des langues parlées dans ce pays. Il s'agit des langues dans lesquelles le conte a été enregistré. Si vous souhaitez découvrir les autres langues parlées dans le pays de collecte du conte, consultez l'onglet "Le pays".

L'arabe

Famille de langues : L’arabe est une langue sémitique de la famille des langues Afro-asiatiques.

Pour en savoir plus sur la famille des langues afro-asiatiques, (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/famille-des-langues-afro-asiatiques

Nombre de locuteurs : plus de 200 millions de locuteurs.

Pays : L’arabe est la langue officielle de plus d’une vingtaine d’Etats, essentiellement en Afrique et en Asie.

Expansion : A partir du VIIe siècle, l’arabe connait une très forte expansion grâce à la propagation de l’Islam, la diffusion du Coran et la puissance militaire des Arabes.

Les formes principales : l’arabe dialectal et l’arabe classique. Les deux formes d’arabe sont fortement liées historiquement et idéologiquement.

  • L’arabe classique (aussi appelé arabe éloquent, arabe grammatical, arabe littéraire ou arabe du Coran) est une langue associée à la religion et à l’écrit. Prestigieuse elle est associée à la culture littéraire, à la science, à la technologie et à l’administration.
  • L’arabe dialectal et l’amazigh sont les langues parlées, utilisées dans la vie courante et véhiculent une culture populaire traditionnelle et contemporaine. L’arabe dialectal est le fruit de la fusion de l’arabe du VIIe siècle avec des parlers provenant des conquêtes militaires ainsi que des brassages de population des langues sud-arabiques, berbères, africaines, etc. Ces variétés dialectales sont extrêmement nombreuses et persistent dans le monde arabe à tel point que la compréhension devient quelques fois difficile. Ceci est surtout vrai pour l’arabe dialectal des pays du Maghreb et de la Méditerranée par rapport à celui du Proche-Orient.
  • L’arabe dialectal du Maghreb : Le parler algérien, marocain et tunisien, est un dialecte composé d’arabe et de l’amazigh (ou berbère). Malgré les nuances, ces trois pays se comprennent entre eux. Si l’arabe s’est imposé, le berbère se parle couramment dans les trois pays et demeure une langue vivante. Tout comme les langues ont essaimé entre elles, les récits qu’elles véhiculent sont les mêmes. En tendant l’oreille on reconnait des mots arabes dans le berbère tout comme on reconnait des mots berbères dans l’arabe ! On parle alors de personnes arabophones et berbérophones.

Le français

Famille de langues : Le français est une langue romane de la famille des langues indo-européennes.

Pour en savoir plus sur la famille des langues indo-européennes, (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/famille-des-langues-indo-europeennes

Nombre de locuteurs : 200 millions de locuteurs.

Pays : Le français est la langue officielle de la France et de nombreux autres pays : en Afrique et en Océanie mais aussi aux Antilles et aux Etats-Unis.

Origine : Le français est issu des formes orales et populaires du latin, il est aussi influencé par le Gaulois et par le Francique des Francs. Le français provient de la langue d’oïl, langue parlée dans la moitié nord de la France au Moyen Âge et langue dominante de la littérature entre le XIVe siècle et le XVIe siècle.

Expansion : Le français s’est répandu proportionnellement aux progrès de l’administration et de la justice royale en France. Le français et sa structure grammaticale s’est cristallisé au XVIIe siècle autour du dialecte de l’Ile de France et ce au détriment les autres parlers régionaux.

Qu’est-ce que la francophonie ? Apparu à la fin du XIXe siècle, le terme « francophonie » désigne l’ensemble des personnes et des pays utilisant le français. Un pays francophone est un pays qui utilise entièrement ou partiellement le français.

Nora Aceval

conteuse algérienne

Nora AcevalConteuse traditionnelle à voix nue, se place dans la Transmission. Elle est née à Tousnina sur les hauts plateaux de Tiaret dans le sud-ouest algérien. Son enfance entre Tousnina et Sougueur fut bercée par les contes populaires que disaient les femmes de sa tribu des Ouled Sidi Khaled.

Née d’un père Français d’Algérie et d’une mère arabe, elle se trouva enrichie d’une double culture : Un pont entre l’Algérie et la France.

Pour en savoir plus : www.nora-aceval.com/

Photographie : B. Rupin

Mustapha Chaïb

conteur algérien

Mustapha Chaïb est né à Tiaret (Algérie) en 1971. Bilingue arabe français, il fit des études en littérature française. Son intérêt pour le conte date de son enfance. Il assista souvent Nora Aceval pour des traductions et des recherches en langue arabe. Conteur amateur, il creuse le sillon et se forme en permanence pour la maîtrise de cet art qu’il considère comme majeur.

Commentaires

Bonsoir

Jolie histoire.

Vréroche

C'est bien, très très bien. Celui ou celle qui a fait ce conte : c'est très très beau !

vraiment bon

cette histoire est vraiment bonne

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