Drôle d'anniversaire

Origine de la collecte : Guyane
Illustration : Frédérique Warin

Compère Tig et sa femme élèvent un cochon pour fêter leur anniversaire de mariage. Compère Tig ne souhaite cependant pas partager ce délicieux met. Il tente alors de déguster le cochon seul, mais c’est sans compter sur la ruse de Massala, le maitre des bois, qui va donner du fil à retordre à Compère Tig.

Écouter le conte en français dit par Valérie Whittington

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Le texte du conte

Pour fêter leur anniversaire de mariage, Compère Tig le jaguar et sa femme élèvent un cochon. La bête bien nourrie devient grosse et grasse. Jour après jour, Compère Tig salive à la voir s’arrondir de la sorte et n’a qu’une envie, la dévorer à lui tout seul.

Par une nuit bien noire, il se rend dans le parc à cochon, badigeonne l’animal de roucou, d’huile de wara, des pieds jusqu’à la tête en passant par les oreilles, sans oublier le bas du ventre.

Le lendemain matin, lorsque Madame Tig se rend dans le parc à cochon, elle pousse un cri d’effroi :
« Ah ! Mon mari, regardez, il est malade notre cochon ? »
Feignant la surprise, Compère Tig répond :
« En effet, il est bel et bien malade notre cochon, nous devons nous en débarrasser. De ce pas je m’en vais le tuer et l’enterrer loin de chez nous, dans la forêt. »

Et c’est ainsi que Compère Tig attrape le cochon, lui attache les pattes et l’embarque dans une brouette. Avant de partir, il se dépêche de placer quelques ustensiles de cuisine dans son katourido.

Après avoir longtemps marché, Compère Tig, un peu fatigué et surtout impatient de se faire une bonne fricassée, s’arrête. L’endroit est plutôt pas mal. Mais à peine s’est-il installé que des mouches envahissent les lieux.

Compère Tig reprend son katourido, enfourche sa brouette et poursuit son chemin. Peu de temps après, il s’arrête de nouveau, mais l’endroit est aussitôt envahi par des fourmis.
« Je n’ai pas fait tout ce chemin pour partager le cochon ni avec des mouches ni avec des fourmis », s’écrie-t-il.

Tig remet le chemin sous ses pattes. Après avoir longtemps marché, il arrive dans une petite clairière. Il n’y a ni mouches ni fourmis.
« Voilà l’endroit rêvé. Je pourrai enfin déguster le cochon. »

Compère Tig tue l’animal, le découpe, lui prend le foie, les poumons, le cœur, quelques belles côtes et se prépare une bonne fricassée. Lorsqu’il porte à la bouche son premier morceau de cochon roussi, il entend une voix résonner : « Tombé Mégwé, tombé ! »

D’un coup d’un seul, Tig s’écroule par terre puis ronfle d’un profond sommeil. Massala, le maître des bois qui le surveillait, se rapproche alors de la marmite et dévore toute la fricassée. Quand il a fini, il prononce ces mots : « Lévé Mégwé, lévé ! »

Tig revient à lui tandis que Massala disparait dans un épais nuage de fumée. Dans la marmite, il n’y a plus rien. Compère Tig rugit de colère.

Messié Kric – messié Krac

Bien décidé à ne pas se laisser piéger une seconde fois, Compère Tig aux aguets fait rôtir la moitié du cochon. La viande est maintenant cuite à point, le regard toujours à l’affût, Tig découpe une belle tranche et s’apprête à la croquer quand soudain il entend : « Tombé Mégwé, tombé ! »

Tig pour la deuxième fois s’affale sur le sol, Massala s’approche du rôti et n’en fait qu’une bouchée. En partant il ordonne : « Lévé Megwé, lévé ! »

Lorsque Tig se réveille, furieux, il peste et s’emporte contre lui-même : « J’ai fui mon logis pour dévorer ce cochon à moi tout seul, et voilà que quelqu’un d’autre se régale à ma place. Il faut absolument que je me débarrasse de cet indésirable. Aussi, je vais tout préparer et l’attendre de pied ferme, il ne sortira pas vivant de mes griffes et de mes dents. »

Avec le reste du cochon, Compère Tig prépare un colombo. Certain de démasquer le coupable, Compère Tig va se cacher derrière un arbre. Mais rien n’y fait, au bout d’une heure il est toujours derrière son arbre et le colombo est maintenant froid. Alors Compère Tig sort de sa cachette et s’écrie : « Comment ? Vous ne venez pas ? Je vais me mettre à table. »

En faisant mine de vouloir croquer un morceau de viande, la voix de Massala retentit : « Tombé Mégwé, tombé ! »

Tig s’écroule pour la troisième fois. Massala s’installe et dévore tout le colombo. Quand il s’est bien régalé, le sourire aux lèvres, il prononce pour la toute dernière fois la formule magique : « Lévé Mégwé, lévé ! », puis il disparaît dans son épais nuage de fumée.

Lorsque Compère Tig retrouve ses esprits, il ne reste absolument rien du colombo de cochon. Dépité, il rentre chez lui.

De retour à la maison, sa femme lui demande : « Alors, mon mari, et le cochon ?
- Le cochon, ne m’en parle pas », répond-t-il avant de s’enfermer dans sa chambre.
Et comme il n’était pas parti à la chasse et qu’il n’y avait rien à manger, sa femme lui a préparé une bonne bouillie de terre glaise qu’il a avalée sans rechigner.

Krik - Krak
É di kric – é di krac

C’est depuis ce jour, messieurs et dames la société que Tig se contente de terre glaise lorsqu’il n’y a plus rien à manger.

Le pays présenté ci-dessous correspond au pays où le conte a été enregistré et ne prétend pas donner d'origine unique au conte.

Les contes n'existent pas dans ce seul et unique pays. D'une version à une autre, d'un conteur à un autre, les contes circulent entre les pays et ne s'arrêtent heureusement pas aux frontières !

La Guyane

Population : Les Guyanais et les Guyanaises. Plus de 260 000 habitants (source Insee).

La Guyane est un département français multiculturel avec une population très diversifiée. On y compte plus de 25 groupes ethniques ayant chacun leur langue et leur culture propres : les Amérindiens, la population d’origine africaine, les Européens, les immigrants asiatiques et quelques autres ethnies (Libanais, Brésiliens, Haïtiens, Surinamiens).

On distingue les Créoles, qui constituent le groupe culturel guyanais le plus important (40%). La plupart d’entre eux habitent généralement sur le littoral (villes de Cayenne, Kourou, Saint-Laurent-du-Maroni et Mana).

La population bushinengé, ou Noirs Marrons : il s’agit principalement des Bonis, des Djukas, des Paramakas et des Alukus. Les Noirs Marrons sont les descendants d’anciens esclaves surinamiens en rébellion, qui avaient décidé de retourner vivre, comme leurs ancêtres, dans la forêt. C’est en raison de leur mode de vie en forêt qu’on les appelle les «bush negroes» ou « Busi nengee » pour les identifier. Les Bushinengés vivent surtout sur les rives du fleuve Maroni (ou l’un de ses affluents) qui délimite la frontière entre le Surinam et la Guyane française.

Les Amérindiens, répartis en six ethnies (les Arawaks, les Palikurs, les Galibis, les Wayanas ou Roucouyennes, les Oyampis ou Wayampis, et les Emerillons) vivent majoritairement au sud du pays.

La population chinoise est arrivée en Guyane au XIXe puis au XXe siècle.

Les Hmongs, fuyant la répression à la fin de la guerre d’Indochine, arrivent quant à eux à partir de 1977. Ils représentent environ 2 000 personnes regroupées sur les communes de Cacao et Javouhey.

Enfin, les Français originaires de l’Hexagone représentent environ 12% de la population.

Langues : Le français est la langue officielle de la Guyane française et représente la langue maternelle de 10% de la population venant de métropole, ainsi que de certaines parties bilingues de la population (en particulier à Cayenne). Il existe néanmoins de nombreuses langues très différentes les unes des autres, parlées par les diverses populations guyanaises :
- les langues amérindiennes (arawak ou lokono, emérillon ou teko, kali’na, palikur, wayana et wayampi) parlées par moins de 5% de la population ;
- les langues créoles à base lexicale française (créole guyanais, créole haïtien, créole martiniquais, créole guadeloupéen, créole de Sainte-Lucie), qui représentent la langue maternelle d’environ un tiers de la population ;
- les langues créoles à base lexicale anglaise (aluku, ndyuka, pamaka et sranan tongo), parlées par plus d’un tiers de la population (mis à part le sranan tongo, langue maternelle d’une très faible partie de la population guyanaise) ;
- la langue créole à base anglaise (saamaka), parlée par environ 10 000 personnes ;
- les langues européennes (français - 10% de la population, portugais du Brésil - entre 5 et 10% de la population, anglais du Guyana - 2%, néerlandais, espagnol) ;
- les langues asiatiques (hmong et chinois) représentant un peu plus d’1% de la population.
Source : Archives Audiovisuelles de la Recherche, 2007.

Situation géographique : La Guyane française est un département français d’outre-mer situé au nord-est de l'Amérique du Sud, entre le Surinam et le Brésil. Sa population se concentre essentiellement le long du littoral et aux bords des grands fleuves et de leurs estuaires. Tout l’arrière-pays est couvert de vastes forêts tropicales humides.

Superficie : D'une superficie de 86 504 km², soit à peu près la même que le Portugal, la Guyane française est le plus grand département français d'outre-mer (équivalent à 16 % du territoire de l’Hexagone).

Climat : Le climat est équatorial. La température reste constante toute l'année : en moyenne 26 °C. Le rythme des saisons n’est marqué, dans cette région équatoriale, que par les pluies. Il existe quatre saisons : en janvier et février, c'est la petite saison des pluies, qui allie soleil et averses tropicales. De mars à mi-avril, c'est la petite saison sèche, encore bien ensoleillée. De mi-avril à fin juin, c'est la grande saison des pluies. La saison sèche s'étend de juillet-août à novembre.

Ville chef-lieu : Cayenne.

Hymne national : La Marseillaise.

Devise nationale : Liberté, Egalité, Fraternité.

Monnaie : L’euro.

Pour en savoir plus : Article « Guyane » du Larousse :http://www.larousse.fr/encyclopedie/departement/Guyane_973/122825

Nous avons choisi d'enregistrer le conte dans une ou deux langues parlées dans le pays de collecte.

Les langues citées ci-dessous ne sont pas représentatives de l'ensemble des langues parlées dans ce pays. Il s'agit des langues dans lesquelles le conte a été enregistré. Si vous souhaitez découvrir les autres langues parlées dans le pays de collecte du conte, consultez l'onglet "Le pays".

Les langues de Guyane

En Guyane, il existe de nombreuses langues très différentes les unes des autres, parlées par les différentes populations guyanaises.

Le français : Langue officielle de la Guyane française, le français représente la langue maternelle des 10% de la population venant de métropole ainsi que de certaines parties bilingues de la population (en particulier à Cayenne).

Les langues amérindiennes : arawak ou lokono, emérillon ou teko, kali’na, palikur, wayana et wayampi, les langues amérindiennes sont des langues autochtones appartenant à trois familles linguistiques (caribe, tupi-guarani et arawak), elles sont parlées par moins de 5% de la population guyanaise.

Le kali’na, anciennement appelé "galibi", est une langue caribe. Elle comprend deux principaux ensembles dialectaux : le dialecte oriental (celui de Guyane et de l’est du Surinam) et le dialecte occidental (allant du Vénézuela à l’ouest du Surinam). Le kali’na oriental, variante parlée en Guyane française de la langue kali’na, comprend 6 voyelles et 12 consonnes. En Guyane, le kali’na est surtout parlé dans la commune d’Awala-Yalimapo et partiellement dans d’autres communes de l’ouest : Mana, Saint Laurent, Iracoubo, ainsi que dans l’agglomération cayennaise et à Kourou. Le kali’na est la seule de toutes les langues amérindiennes à être partagée entre des pays parlant cinq langues officielles : espagnol au Venezuela, anglais au Guyana, néerlandais au Surinam, français en Guyane et portugais au Brésil (sur la rive droite de l’Oyapock).
Source : http://corpusdelaparole.huma-num.fr/spip.php?article50

Le teko désigne la langue des Tekos et veut dire « nous ». Il est également appelé émérillon. C’est une langue tupi-guarani parlée dans l’ouest de la Guyane, sur le Haut-Maroni et le Tampok, et dans l’est du département, sur le cours moyen de l’Oyapock. Cette langue est purement orale, et c’est la seule langue amérindienne parlée exclusivement en Guyane française.

Les langues créoles à base lexicale française (créole guyanais, créole haïtien, créole martiniquais, créole guadeloupéen, créole de Sainte-Lucie) : le créole guyanais résulte de l’esclavage et de la colonisation française en Guyane. C’est la langue maternelle d’environ un tiers de la population ; le créole haïtien est parlé par une population d’origine haïtienne représentant, selon les sources, entre 10 et 20% de la population guyanaise ; les créoles martiniquais et guadeloupéen sont parlés par des Français venant des Antilles, représentant 5% de la population ; enfin, le créole de Sainte-Lucie est issu de l’immigration en provenance de Sainte-Lucie, et parlé par moins de 1% de la population.
Le créole guyanais, qui a le statut de langue régionale, a longtemps été la langue véhicualire en Guyane, et reste la langue des Créoles. Il diffère sensiblement des créoles des Antilles par son lexique et certaines constructions grammaticales. Une importante immigration originaire de Sainte-Lucie, venue en Guyane lors de la ruée vers l’or dès 1850, a contribué à en modifier sensiblement les structures dans certaines zones (à Saint-Laurent, par exemple).
Source : Langues et Cité - Les langues en Guyane - Mai 2004.

Les langues créoles à base lexicale anglaise (aluku, ndyuka, paramaka et sranan tongo) : elles sont parlées par plus d’un tiers de la population, majoritairement les Noirs Marrons (mis à part le sranan tongo, langue maternelle d’une très faible partie de la population guyanaise, notamment dans l’Ouest). Les Aluku, les Ndjuka et les Paramaka se sont au cours de la période du marronnage constitués en groupes séparés, mais leurs trois parlers sont extrêmement proches entre eux et peuvent raisonnablement être considérés comme des variétés dialectales d’une même langue. Le terme généralement employé par les locuteurs pour renvoyer à l’ensemble des trois variantes est celui de "nenge" (en aluku et paramaka) ou "nengee" (en ndjuka). Il désigne explicitement ces trois variantes, à l’exclusion du sranan tongo et du saramaka.
Source: http://corpusdelaparole.huma-num.fr/spip.php?article56

La langue ndyuka (ndyuka tongo) fait partie des langues businengee, qui font elles-mêmes partie des créoles anglais du Surinam ou créole des plantations. Au Surinam, ces langues sont désignées sous le terme "sranan tongo" et présentent des différences avec le nengee tongo (par exemple, le nengee n’a pas de "r" à l’inverse du sranan). À Saint-Laurent du Maroni, le taki-taki est le nom donné à la langue nengee, bien que ce mot ait une connotation péjorative car il signifie “parler pour parler”, “tumulte”. Une des particularités de ce groupe de langues réside dans l’ajout de voyelles en fin de syllabe ou de mot si la dernière lettre est une consonne.
Source: Académie de Guyane.

Le nenge tongo est une langue créole afro-américaine parlée depuis plus de deux siècles en Guyane par les Businenges. C’est aussi une composante du sranan tongo (compris par plus d’un demi-million de personnes dans la région).

La langue créole à base anglaise, le saamaka, est parlée par les Noirs Marrons originaires du Surinam. Les Saramaka constitueraient le groupe de Noirs Marrons le plus important de Guyane, avec environ 10 000 personnes;

Les langues européennes: le portugais du Brésil est parlé par une immigration brésilienne estimée entre 5 et 10% de la population, l'anglais du Guyana est parlé par une immigration venant du Guyana, estimée à 2% de la population, le néerlandais est parlé par une partie de l’immigration surinamienne ayant été préalablement scolarisée dans cette langue, l'espagnol est parlé par une infime partie de la population originaire de St Domingue et de pays d’Amérique Latine (Colombie, Pérou, notamment).

Les langues asiatiques : la langue hmong est parlée par une population originaire du Laos, arrivée en Guyane dans les années 1970, représentant 1% de la population, regroupée essentiellement dans deux villages, le chinois est quant à lui parlé par une immigration d’origine chinoise.
Source : Archives Audiovisuelles de la Recherche, 2007.

Le français

Famille de langues : Le français est une langue romane de la famille des langues indo-européennes.

Pour en savoir plus sur la famille des langues indo-européennes, (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/famille-des-langues-indo-europeennes

Nombre de locuteurs : 200 millions de locuteurs.

Pays : Le français est la langue officielle de la France et de nombreux autres pays : en Afrique et en Océanie mais aussi aux Antilles et aux Etats-Unis.

Origine : Le français est issu des formes orales et populaires du latin, il est aussi influencé par le Gaulois et par le Francique des Francs. Le français provient de la langue d’oïl, langue parlée dans la moitié nord de la France au Moyen Âge et langue dominante de la littérature entre le XIVe siècle et le XVIe siècle.

Expansion : Le français s’est répandu proportionnellement aux progrès de l’administration et de la justice royale en France. Le français et sa structure grammaticale s’est cristallisé au XVIIe siècle autour du dialecte de l’Ile de France et ce au détriment les autres parlers régionaux.

Qu’est-ce que la francophonie ? Apparu à la fin du XIXe siècle, le terme « francophonie » désigne l’ensemble des personnes et des pays utilisant le français. Un pays francophone est un pays qui utilise entièrement ou partiellement le français.

Valérie Whittington

Conteuse guyanaise

Valérie WhittingtonEnseignante de profession, Valérie Whittington évolue sur la scène artistique guyanaise en tant que conteuse et comédienne.

En 2005, elle rejoint l’association de conteurs La Compagnie Zoukouyanyan dont elle est la présidente depuis janvier 2014.

Formée par des conteurs reconnus comme Mimi Barthélémy, Valérie partage ses histoires en français et en créole. Avec sourire et générosité, elle chante, joue et met également en scène diverses créations qu’elle propose avec sa troupe, Le Théâtre de l’universel, dont elle est la présidente depuis septembre 2010.

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