Les funérailles du grand calao

Origine de la collecte : Mali
Illustration : Yacouba Diarra

Calao tuait des centaines de grenouilles par jour. Par crainte d’être exterminées les grenouilles se réfugient au fond de l’eau. Mais le calao, aidé par la ruse du lièvre, finira par les piéger en faisant le mort imaginaire.

 

Auteur : Ousmane Diarra

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Le texte du conte

Le calao est un grand oiseau noir, avec un grand sac rouge sous le cou. C’est dans ce grand sac qu’il mettait les crapauds et les grenouilles qu’il allait chaque jour capturer dans la brousse. Il revenait les partager avec sa famille.

Comme il ne plaît à personne de garnir le plat d’un autre tous les jours, les grenouilles et les crapauds décidèrent se mettre à l’abri, comme ils n’avaient pas de moyens pour se défendre (ils n’ont ni bec ni serres !). Ils allèrent donc se réfugier au fond de la rivière, où ils bâtirent leurs maisons. Le calao qui ne sait ni nager ni pêcher ne trouva donc plus à manger.

Chaque matin, il partait à la chasse, battait toute la brousse en vain. Le soir, il rentrait bredouille à la maison, et écoutait avec peine les cris et les pleurs de sa femme et de ses enfants :
- On va mourir de faim !
À la fin, le calao était tellement affamé qu’il ne pouvait même plus aller à la chasse. Chaque matin, il se traînait jusqu’à la porte de sa case où il restait couché, pleurant et gémissant comme une orpheline :
- Je vais mourir ! Toute ma famille va mourir de faim !

Un jour Zozani le lièvre qui passait par là le vit dans cet état.
- Qu’est-ce qui t’arrive donc, frère calao, demanda ce dernier apitoyé ? Quand le calao lui eut expliqué ce qui lui arrivait, Zozani le lièvre lui dit :
- Voilà ce que tu vas faire. Demain matin de bonne heure, tu vas recouvrir ton corps de soumbala et te coucher au bord de la rivière pour faire le mort. On va voir ce qu’on va voir !

Le lendemain, le calao fit comme Zozani le lièvre le lui avait demandé. Par sa femme, il se fit oindre le corps avec du soumbala et du datu, des condiments qui sentent très fort. Puis il alla se coucher au bord de la rivière. Zozani le lièvre vint l’ausculter avant de descendre au fond de la rivière annoncer au roi des crapauds et des grenouilles que le calao était mort. Ce dernier ne le prit pas au mot. Il le fît accompagner par le prince héritier pour aller constater le décès du calao.

Le prince héritier du pays des crapauds et des grenouilles vit le calao étendu au bord de la rivière. Il avait les ailes déployées et des légions de mouches bourdonnaient tout autour. Le prince héritier des grenouilles et des crapauds ne crut pas pour autant à la mort du calao. Il lui donna un puis deux coups de pieds. Le calao ne bougea pas. Il alla prendre une épine et piqua et piqua encore le calao. Celui-ci ne bougea pas.

Quand il eut tout fait sans que le calao ne bougea, il redescendit alors au fond de la rivière en courant :
- Papa ! Papa ! Oncle calao est mort et bien mort ! Il est même en train de pourrir. Si on n’organise pas ses funérailles tout de suite, il ne restera rien de lui ! » Aussitôt, le roi appela tout le monde à sortir de l’eau pour aller célébrer la mort du calao. Et tous, femmes, hommes, enfants sortirent avec des tam-tams et des balafons. Ils firent un grand cercle autour du calao et commencèrent à chanter et danser :
- Oncle calao est mort, vive les grenouilles et les crapauds !
- Grand frère calao est mort, vive nous !

Le calao les laissa chanter et danser jusqu’à ce qu’ils soient tombés ivres morts. Ce fut alors que le calao sauta sur ses pattes et commença à les ramasser : « J’en avale pour ma propre faim et j’en mets dans mon sac pour ma famille ! » Ceux des grenouilles et des crapauds qui ont échappés à sa rage se sont réfugiés de nouveau au fond de la rivière, et depuis, n’en sortent plus. Même pour chanter, ceux qui ne peuvent naturellement s’empêcher de le faire, se contentent de sortir le bout de leur nez pour lancer leur chant et redescendre aussitôt.

Le pays présenté ci-dessous correspond au pays où le conte a été enregistré et ne prétend pas donner d'origine unique au conte.

Les contes n'existent pas dans ce seul et unique pays. D'une version à une autre, d'un conteur à un autre, les contes circulent entre les pays et ne s'arrêtent heureusement pas aux frontières !

Le Mali

(République du Mali)

Population : Les maliens et les maliennes. Plus de 14 millions d’habitants.

Langues : Le français est la langue officielle du Mali, elle est celle utilisée par l’état, l’administration et l’enseignement. Le bambara est pourtant la langue la plus parlée (par environ 80% de la population). Une trentaine de langues est parlé au Mali, dont une dizaine par plus de 100 000 personnes. Les autorités maliennes ont reconnu 13 langues nationales : le bambara, le bobo, le bozo, le dogon, le peul, le soninké, le songoy, le sénoufo-minianka, le tamasheq, le hasanya (arabe dialectal), le kasonkan et le maninkakan.

Situation géographique : Le Mali est le plus grand pays de l’Afrique de l’ouest. A l’ouest : la Mauritanie et le Sénégal. Au nord : l’Algérie. A l’est : le Niger. Au sud-est : le Burkina. Au sud : la Côte d’Ivoire et la Guinée.

Superficie : 1 241 300 km²

Climat : Le climat malien se caractérise par trois saisons : une saison sèche (mars à juin), une saison des pluies ou hivernage (juin à septembre) et une intersaison ou saison froide (octobre à février) avec un vent saharien desséchant : l’Harmattan.

Capitale : Bamako

Hymne national : Pour l'Afrique et pour toi, Mali

Devise nationale : Un peuple, un but, une foi

Monnaie : Le Franc C.F.A.

IDH (Indice de développement humain) : 0,309, IDH faible (chiffres 2010)

Indépendance : 22 septembre 1960

Pour en savoir plus : Article « Mali » du Larousse :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Mali/131330

Drapeau: 
Drapeau du Mali

Nous avons choisi d'enregistrer le conte dans une ou deux langues parlées dans le pays de collecte.

Les langues citées ci-dessous ne sont pas représentatives de l'ensemble des langues parlées dans ce pays. Il s'agit des langues dans lesquelles le conte a été enregistré. Si vous souhaitez découvrir les autres langues parlées dans le pays de collecte du conte, consultez l'onglet "Le pays".

Le bambara

Famille de langues : Le bambara est une langue mandée.

Pour en savoir plus sur la famille des langues mandées, (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/famille-des-langues-mandees

Les Bambaras sont eux-mêmes des mandés, ils ont les mêmes cultes et la même histoire.

Les Malinkés (les habitants du lieu de règne de l’empereur (capitale, province) aiment à dire que le bambara est la langue des tondjons (c’est-à-dire les militaires) : ces derniers, par souci d’économie, aiment à contracter les mots. C’est ainsi que « koko » (le sel) chez les malinkés devient « Kwa » chez les Bambara, de même que « moko » (être humain, l’homme donc) devient « maan » chez les Bambara (on dit « Ma »).

Nombre de locuteurs : plus de 9 millions de locuteurs, principalement au Mali.

Pays : Le bambara est la langue la plus parlée au Mali (plus que le français, qui est pourtant la langue officielle). Le bambara ou ses dialectes sont également parlés dans les pays voisins du Mali : au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire en Guinée et au Sénégal.

Expansion : Le bambara doit son expansion au commerce, à l’histoire, à la démographie et à plusieurs autres facteurs économiques.

Pour en savoir plus sur le bambara (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/le-bambara

Le français

Famille de langues : Le français est une langue romane de la famille des langues indo-européennes.

Pour en savoir plus sur la famille des langues indo-européennes, (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/famille-des-langues-indo-europeennes

Nombre de locuteurs : 200 millions de locuteurs.

Pays : Le français est la langue officielle de la France et de nombreux autres pays : en Afrique et en Océanie mais aussi aux Antilles et aux Etats-Unis.

Origine : Le français est issu des formes orales et populaires du latin, il est aussi influencé par le Gaulois et par le Francique des Francs. Le français provient de la langue d’oïl, langue parlée dans la moitié nord de la France au Moyen Âge et langue dominante de la littérature entre le XIVe siècle et le XVIe siècle.

Expansion : Le français s’est répandu proportionnellement aux progrès de l’administration et de la justice royale en France. Le français et sa structure grammaticale s’est cristallisé au XVIIe siècle autour du dialecte de l’Ile de France et ce au détriment les autres parlers régionaux.

Qu’est-ce que la francophonie ? Apparu à la fin du XIXe siècle, le terme « francophonie » désigne l’ensemble des personnes et des pays utilisant le français. Un pays francophone est un pays qui utilise entièrement ou partiellement le français.

Ousmane Diarra

conteur malien

Ousmane DiarraEnfant, il dévorait les caisses d’ouvrages livrées par la Croix-Rouge dans son village de Bassala dans les brousses maliennes. Diplômé de l’Ecole normale supérieure de Bamako (Maîtrise de lettres modernes). Il est actuellement bibliothécaire au Centre culturel de Bamako. Nouvelliste, poète et romancier, Ousmane Diarra est également auteur de livres pour la jeunesse et conteur.

"Néné et la chenille" (Edicef, le Figuier, 1999). "Vieux lézard" (roman, Editions Gallimard, 2006). "Pagne de femme" (Gallimard, 2007). "Le rêve du grand calao" (Le Figuier, 2011).

Commentaires

Quelle est la morale de ce conte ?

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