L'hyène et les chèvres de la vieille femme

Origine de la collecte : Mali
Illustration : Yacouba Diarra

La hyène cherche un prétexte pour manger les chèvres de la vieille femme en toute impunité. Mais le lion ne l'entend pas de cette oreille et malgré toutes ses précautions, la hyène subira des représailles.

 

Auteur : Ousmane Diarra

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Le texte du conte

Il était une fois, dans un village, une vieille femme. Elle possédait beaucoup de chèvres. C’étaient de grandes et grasses chèvres. Comme ses chèvres, en bêlant et en gambadant sur les toits des maisons, embêtaient trop ses voisins du village, la vieille femme alla fonder un autre village où elle habitait toute seule, au milieu de ses chèvres.

C’était l’occasion qu’espérait Surukuba l’hyène qui, depuis longtemps, brûlait de croquer les chèvres de la vieille femme. Elle ne pouvait pas, parce que simplement elle en avait envie, aller comme ça, les prendre et les manger. Le lion, le roi des animaux, lui demanderait de s’expliquer !

Alors, un jour, où Surukuba l’hyène se promenait dans la brousse, cherchant une idée, une raison de manger les chèvres de la vieille femme sans qu’on ait à lui demander des comptes. Alors qu’elle se grattait la tête, elle vit un oiseau. Elle sauta et le captura. « Tiens, se dit-elle. Je vais donner ce volatile à la vieille femme. Si elle le mange, j’aurai un bon prétexte pour dévorer ses chèvres à belles dents ! ». Elle courut chez la vieille femme et lui dit :
- Bonjour grand-mère. Comme tu es vieille et sans force, et qu’il est de notre devoir à nous les jeunes, d’aider les personnes âgées, je t’offre cet oiseau. Mange-le, ça te fera du bien.

La vieille grand-mère prit l’oiseau, mais comme elle n’était pas bête, elle alla le cacher dans le toit de sa case.

Dès le lendemain, voici l’hyène qui revient sur ses pas, toute joyeuse, pensant que, puisque la vieille femme avait mangé son oiseau, elle pourrait à son tour dévorer ses chèvres :
- Bonjour vieille femme. Bonjour à mon oiseau !
- Ton oiseau ? lui demanda la vieille femme avec l’air faussement étonné, je croyais que tu me l’avais donné !
- Ah non ! Ah non ! Mon oiseau, je te l’avais seulement confié. Et si tu l’as mangé, tu vas le payer avec tes chèvres !
- Non, Surukuba. Je n’ai pas mangé ton oiseau. Il est là, dans le toit de ma case. Va le prendre !
- Comme les grands-mères ne comprennent rien de rien ! Je plaisantais avec toi quand j’ai dit que tu allais le payer. Mange-le donc, cet oiseau. C’est pour toi. Foi d’hyène !

Pour autant, la vieille femme ne voulut pas manger l’oiseau. Chaque matin, l’hyène venait lui dire :
- Bonjour grand-mère ! Bonjour à mon oiseau !
Et quand la vieille femme lui disait de le reprendre, l’hyène refusait et s’en allait. Cela dura pendant longtemps, très longtemps.

Jusqu’au jour où la vieille grand-mère étant partie dans la brousse chercher du bois mort, sa petite fille venue du village voisin pendant son absence vit l’oiseau et le mangea. On ne sut jamais qui rapporta la nouvelle à Surukuba l’hyène. Mais ce jour-là, Surukuba l’hyène n’attendit même pas le lendemain. Dès l’après-midi, elle arriva toute joyeuse chez la vieille femme.
- Bonjour vieille femme ! Bonjour à mon oiseau !
Toute tremblante, la vieille grand-mère lui dit :
- Ton oiseau, ma petite fille l’a mangé !
- Ah bon, Eh bien puisque ta petite fille a mangé mon oiseau, moi aussi, je vais prendre une de tes chèvres que je vais manger avec ma famille !
L’hyène prit deux chèvres et les emporta.

Le lendemain, elle revint chez la vieille femme :
- Bonjour vieille femme ! Bonjour à mon oiseau !
- Ton oiseau, je t’ai dit que ma fille l’a mangé !
- Eh bien, si ta fille l’a mangé, moi aussi, je vais manger trois de tes chèvres !
L’hyène emporta trois chèvres chez elle qu’elle mangea avec sa famille. Cela dura pendant longtemps. A la fin, il ne restait plus qu’une seule chèvre dans l’enclos de la vieille grand-mère.

Entre temps, le lion qui passait par là, le lion vit la vieille grand-mère, qui pleurait. Il lui demanda :
- Grand-mère, qu’est-ce qui t’arrive donc ? La vieille femme lui expliqua que l’hyène lui avait donné un oiseau que sa petite fille avait mangé.
- Et depuis, dit-elle, tous les jours, l’hyène vient enlever mes chèvres. Quand il n’y en aura plus, c’est moi-même qu’elle va dévorer à belles dents !
Le lion alors lui dit de cacher dans sa case la chèvre qui restait et de l’attacher, lui, le lion, à sa place, dans l’enclos.
- L’hyène viendra me trouver ici et on va voir ce qu’on va voir ! ajouta-t-il en souriant.
C’est ce que la vieille grand-mère fit.

Ce jour-là, Surukuba l’hyène n’attendit même pas le matin pour venir. Elle vint dès le crépuscule. Or, au crépuscule, l’hyène voit mal.
- Bonjour vieille femme ! Bonjour à mon oiseau !
- Ton oiseau, je te l’ai déjà dix mille fois, ton oiseau, ma petite fille l’a mangé !
- Eh bien ! si ta petite fille a mangé mon oiseau, moi aussi, je vais croquer tes chèvres.
- Il n’en reste plus qu’une seule. Va la prendre !
- C’est ce que je vais faire.
Et l’hyène alla détacher ce qu’elle croyait être une chèvre. La voici en train de la conduire chez elle.

Soudain, alors qu’elle marchait devant ce qu’elle pensait être une chèvre, elle se ravisa :
- Mon Dieu ! Je ne comprends rien. Les autres chèvres que j’ai amenées chez moi, en marchant derrière moi faisaient craquer leurs articulations kumata kumata ! Celle-là, elle marche comme un félin ! Est-ce vraiment une chèvre ?

Le lion fit craquer ses articulations. Rassurée, l’hyène continua son chemin.

Mais quelques instants après, elle s’arrêta de nouveau :
- Mon Dieu ! Mon Dieu ! Moi, je ne comprends rien du tout. Les autres chèvres que j’ai amenées chez moi, que j’ai dévorées de belles dents, avec ma famille, ma femme et mes enfants, ont bêlé au moins une fois, elles. Mais celle-là, elle n’a pas bêlé une seule fois ! Est-ce une chèvre, vraiment ?

Le lion essaya de bêler mais ce fut un grand rugissement qui lui échappa.

Et l’hyène se sauva à toutes pattes. Le lion ne la laissa pas s’en tirer à si bon compte. Il la poursuivit, l’attrapa et lui assena un grand coup de patte sur son arrière-train. Il le fit et le refit plusieurs fois. Si bien que Surukuba l’hyène en garda l’arrière-train bas, tout bas, toujours bas. Même de nos jours encore.

Le pays présenté ci-dessous correspond au pays où le conte a été enregistré et ne prétend pas donner d'origine unique au conte.

Les contes n'existent pas dans ce seul et unique pays. D'une version à une autre, d'un conteur à un autre, les contes circulent entre les pays et ne s'arrêtent heureusement pas aux frontières !

Le Mali

(République du Mali)

Population : Les maliens et les maliennes. Plus de 14 millions d’habitants.

Langues : Le français est la langue officielle du Mali, elle est celle utilisée par l’état, l’administration et l’enseignement. Le bambara est pourtant la langue la plus parlée (par environ 80% de la population). Une trentaine de langues est parlé au Mali, dont une dizaine par plus de 100 000 personnes. Les autorités maliennes ont reconnu 13 langues nationales : le bambara, le bobo, le bozo, le dogon, le peul, le soninké, le songoy, le sénoufo-minianka, le tamasheq, le hasanya (arabe dialectal), le kasonkan et le maninkakan.

Situation géographique : Le Mali est le plus grand pays de l’Afrique de l’ouest. A l’ouest : la Mauritanie et le Sénégal. Au nord : l’Algérie. A l’est : le Niger. Au sud-est : le Burkina. Au sud : la Côte d’Ivoire et la Guinée.

Superficie : 1 241 300 km²

Climat : Le climat malien se caractérise par trois saisons : une saison sèche (mars à juin), une saison des pluies ou hivernage (juin à septembre) et une intersaison ou saison froide (octobre à février) avec un vent saharien desséchant : l’Harmattan.

Capitale : Bamako

Hymne national : Pour l'Afrique et pour toi, Mali

Devise nationale : Un peuple, un but, une foi

Monnaie : Le Franc C.F.A.

IDH (Indice de développement humain) : 0,309, IDH faible (chiffres 2010)

Indépendance : 22 septembre 1960

Pour en savoir plus : Article « Mali » du Larousse :
http://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Mali/131330

Drapeau: 
Drapeau du Mali

Nous avons choisi d'enregistrer le conte dans une ou deux langues parlées dans le pays de collecte.

Les langues citées ci-dessous ne sont pas représentatives de l'ensemble des langues parlées dans ce pays. Il s'agit des langues dans lesquelles le conte a été enregistré. Si vous souhaitez découvrir les autres langues parlées dans le pays de collecte du conte, consultez l'onglet "Le pays".

Le bambara

Famille de langues : Le bambara est une langue mandée.

Pour en savoir plus sur la famille des langues mandées, (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/famille-des-langues-mandees

Les Bambaras sont eux-mêmes des mandés, ils ont les mêmes cultes et la même histoire.

Les Malinkés (les habitants du lieu de règne de l’empereur (capitale, province) aiment à dire que le bambara est la langue des tondjons (c’est-à-dire les militaires) : ces derniers, par souci d’économie, aiment à contracter les mots. C’est ainsi que « koko » (le sel) chez les malinkés devient « Kwa » chez les Bambara, de même que « moko » (être humain, l’homme donc) devient « maan » chez les Bambara (on dit « Ma »).

Nombre de locuteurs : plus de 9 millions de locuteurs, principalement au Mali.

Pays : Le bambara est la langue la plus parlée au Mali (plus que le français, qui est pourtant la langue officielle). Le bambara ou ses dialectes sont également parlés dans les pays voisins du Mali : au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire en Guinée et au Sénégal.

Expansion : Le bambara doit son expansion au commerce, à l’histoire, à la démographie et à plusieurs autres facteurs économiques.

Pour en savoir plus sur le bambara (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/le-bambara

Le français

Famille de langues : Le français est une langue romane de la famille des langues indo-européennes.

Pour en savoir plus sur la famille des langues indo-européennes, (site du programme Sorosoro) : http://www.sorosoro.org/famille-des-langues-indo-europeennes

Nombre de locuteurs : 200 millions de locuteurs.

Pays : Le français est la langue officielle de la France et de nombreux autres pays : en Afrique et en Océanie mais aussi aux Antilles et aux Etats-Unis.

Origine : Le français est issu des formes orales et populaires du latin, il est aussi influencé par le Gaulois et par le Francique des Francs. Le français provient de la langue d’oïl, langue parlée dans la moitié nord de la France au Moyen Âge et langue dominante de la littérature entre le XIVe siècle et le XVIe siècle.

Expansion : Le français s’est répandu proportionnellement aux progrès de l’administration et de la justice royale en France. Le français et sa structure grammaticale s’est cristallisé au XVIIe siècle autour du dialecte de l’Ile de France et ce au détriment les autres parlers régionaux.

Qu’est-ce que la francophonie ? Apparu à la fin du XIXe siècle, le terme « francophonie » désigne l’ensemble des personnes et des pays utilisant le français. Un pays francophone est un pays qui utilise entièrement ou partiellement le français.

Ousmane Diarra

conteur malien

Ousmane DiarraEnfant, il dévorait les caisses d’ouvrages livrées par la Croix-Rouge dans son village de Bassala dans les brousses maliennes. Diplômé de l’Ecole normale supérieure de Bamako (Maîtrise de lettres modernes). Il est actuellement bibliothécaire au Centre culturel de Bamako. Nouvelliste, poète et romancier, Ousmane Diarra est également auteur de livres pour la jeunesse et conteur.

"Néné et la chenille" (Edicef, le Figuier, 1999). "Vieux lézard" (roman, Editions Gallimard, 2006). "Pagne de femme" (Gallimard, 2007). "Le rêve du grand calao" (Le Figuier, 2011).

Commentaires

BON !

BON !

Très long

Très long !
Notre maîtresse nous a demandé de le reformuler mais moi je ne savais rien.

Trop bien

J'adore

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